L’ouvrage se compose de 8 chapitres qui constituent chacun des contes privilégiant tantôt Lancelot, tantôt Gauvain, tantôt Galahad et Arpad. L’auteure a retrouvé la veine de Chrétien de Troyes et ses continuateurs (quête du Graal, damoiselles en détresse, haut-faits chevaleresque, sortilèges, périlleuse forêt…), tout en explorant les thèmes qui lui sont propres et qu’elle a développés notamment dans Des Roses et des Monstres, le Cabaret Vert ou les Gentlemen de l’Étrange. D’ailleurs la relation entre Lancelot et Gildevald, puis de Galahad et Arpad m’a rappelé plus d’une fois la relation entre Manfred et Wolfgang.
La première des aventures voient lancelot affronté un mystérieux double de lui-même, Galaad de Benoïc. Je ne dirai rien de la fin pour ne point éventer la chute, mais il y a de la magie là-dessous. Le thème de l’amour fou et désespéré de Lancelot pour Guenièvre est abordé ici non sans quelques touches d’ironie.
La seconde nouvelle intitulée le Bourreau met en scène justement l’exécuteur des basses œuvres et les raisons qui le poussent à faire ce terrible métier. Lancelot y apparaît juste comme témoin.
Le troisième chapitre suit Gauvain jusqu’en Espagne où il est la proie d’un sortilège. Sa délivrance viendra de façon inattendue.
La nuit du chasseur, le chapitre 4, relate une histoire de vampire, personnage fétiche d’Estelle Valls de Gomis, auteure, comme chacun sait, du monumental Le vampire au fil des siècles.
Dans le chapitre suivant la quête de Lancelot le conduit à rencontrer un bien étrange dragon, d’ailleurs celui-ci sera son compagnon dans d’autres aventures.
À noter que les destins de Morgane, Merlin et Nievenne (Viviane) apparaissent en arrière-fond des multiples péripéties de notre héros.
Dans le chapitre 6, on voit Perceval (enfin presque… mais chut !) ainsi qu’un elfe sylvestre. Lancelot est allié avec eux pour lever une terrible malédiction.
Dans le chapitre 7, Lancelot poursuit une aventure qui le plonge dans les méandres du temps.
Avec les Descendants, le chapitre 8, on assiste à la passation de pouvoir de la nouvelle génération. Ce sont Galahad, le fils de Lancelot, et Arpad (le fils de… chut ! je laisse au lecteur le soin de le découvrir) les héros de l’histoire : de leur initiation au rang de chevalier jusqu’à leur première mission dans une forêt maudite. Une histoire passionnante, autant par le contenu que la forme.
Enfin l’ultime chapitre de l’ouvrage nous dévoile le destin final de Lancelot, mais aussi de son ami et écuyer Gildevald, la boucle étant bouclée.
Lancelot, chevalier solaire et héros déchu à cause de l’amour, ne peut qu’échouer dans la quête ultime, celle du Graal… mais par un coup du sort, l’ironie du destin, c’est son fils qui y parviendra. Estelle Valls de Gomis m’a une fois de plus conquis et enthousiasmé par l’immense qualité de son talent de conteuse. Et je l’en remercie. Tous les amoureux de contes et de merveilleux trouveront leur bonheur à lire cet ouvrage.
Signalons, enfin, la belle couverture de John Howe.